Drekka full ou les libations rituelles

Selon Maurice Cahen (cité dans Études sur le vocabulaire religieux du vieux-scandinave: La libation, 1914) et Régis Boyer (cité dans Les Vikings, 2002), les libations rituelles dans le paganisme germanique, aussi appelées drekka full, c’est-à-dire «boire à la mémoire de» font partie de toutes les festivités du monde germanique, qui je le rappelle, concerne donc aussi la société viking.

Selon un rituel précis, on consomme cette bière spécialement brassée.

Précisons qu’au niveau historique, selon Maurice Cahen, l’expression drekka full est arrivée avant l’expression drekka minni, qui est apparue en même temps que les guildes marchandes.

Dans la saga d’Egill, fils de Grímr le Chauve, on spécifie que la boisson la plus prisée reste le mungát, de la bière mêlée à du miel.

Cette même saga mentionne qu’on doit faire circuler dans la salle une corne à boire et que chacun prenne une gorgée.

Cette opération se nomme sveitardrykkja, c’est-à-dire un «toast à tour de rôle».

On s’assoit souvent deux par deux selon un tirage au sort, puisqu’on faisait confiance par-dessus tout aux arrêts du destin.

Il est convenu aussi qu’on s’assoit entre époux.

Chacun doit vider la moitié de sa corne et si quelqu’un manque à boire sa ration, il peut en résulter de chaudes disputes.

Si quelqu’un veut davantage prouver sa valeur, il peut s’il le désire boire la corne au grand complet.

Dans la saga de Snorri le Godi, on mentionne que la bière est la boisson obligée de toutes les festivités et que son pouvoir et sa valeur sacrée ne font pas de doute.

De plus, on mentionne qu’on doit porter un toast avant de boire et que lors de ces soirées, il n’était pas question de ne pas s’enivrer.

Par ailleurs, cette même saga mentionne qu’à chaque fête, il convient de boire une nouvelle bière brassée selon une opération magique avec des rites précis.

Le moment idéal pour brasser la bière reste Jól.

La saga de Glúmr le Meurtrier détaille les différentes façons de boire la bière.

Tout d’abord, il faut se servir d’une corne généralement ornée.

On passait cette dite corne de l’un à l’autre ou bien en zigzagant entre les bancs se faisant face.

Le maître de la maison prononce des paroles sacrées sur la corne avant de la faire circuler.

D’après cette saga, il existe trois façons de boire : sveitardrykkja (boire une seule gorgée à tour de rôle), tvímenningr (boire en couple chacun une moitié de corne) et einmenningr (boire seul la corne en entier).

Un ami me posait la question qui est-ce qui décide de la façon de boire?

Je me suis rallié à la logique pour lui répondre: cela dépend du nombre de participants.

Vous avez bien entendu le choix de boire une boisson sans alcool.