Álfablót

Mise en scène

Régis Boyer explique que la période de la mi-septembre à la mi-octobre demeure un temps fort de l’année dans la spiritualité ancestrale germanique.

C’est la période où on se prépare à passer les longs mois d’hiver, sur le plan alimentaire.

On compte et rassemble les troupeaux.

Les gens qui ont passé leur été à la montagne, dans le sel, l’équivalent de notre chalet, rentrent à la ferme.

C’est la période où la pêche bat son plein et qu’on fait sécher la morue sur des échafauds en forme de V inversé.

On stocke les vivres pour l’hiver ainsi que le bois de chauffage.

On prépare la maison avant les chutes de neige: calfeutrage des murs et des fenêtres, isolation du plancher et du plafond.

La bière est brassée en abondance et elle est fin prête pour être bue lors des festivités de la fin octobre.

Les Álfar

Terry Gunnell, directeur du département d’anthropologie sociale à l’université d’Islande, soutient que les Álfar seraient une race divine apparue en Scandinavie avant l’arrivée des Européens.

Il affirme aussi que ce sont des créatures bien distinctes des Æsir et des Vanir.

Ils seraient l’équivalent masculin des Dísir et habiteraient dans les rochers et les collines.

Ils sembleraient être associés au culte des ancêtres et des tombes.

Selon Terry Gunnell, les Álfar nous ressemblent et vivent comme nous.

Cette croyance est ancrée à tel point que même l’administration islandaise joue le jeu.

Ainsi, détourner une route en construction pour éviter de détruire la maison d’un Álf n’a rien d’extraordinaire en Islande.

Victor Ingolfsson est le porte-parole de l’administration islandaise des travaux publics.

Lui-même ne croit pas aux Álfar

Mais confirme que les Álfar sont pris sérieusement en considération lorsque l’on discute le tracé d’une route: C’est vrai, nous devons tenir compte des Álfar et du peuple caché. Cela fait en quelque sorte partie de notre travail de relations publiques. Nous connaissons des cas qui se sont produits ces quarante dernières années, où des gens sont venus nous voir parce qu’ils n‘étaient pas d’accord avec une route que nous étions en train de construire, parce qu’ils pensaient que des Álfar ou d’autres créatures du peuple caché vivaient à cet endroit!

Le journaliste canadien Carl Honoré rapporte qu’en 2004, une équipe était en train de construire un parcours de golf en banlieue de Reykjavík en Islande et qu’on déplaça un rocher sensé être habité par des Álfar.

Peu après, les bulldozers tombèrent en panne et des travailleurs subirent des blessures inexplicables.

L’ingénieur en chef plia devant tous les journalistes attentifs.

Il adressa ses sincères excuses aux Álfar et promit de les laisser tranquille pour de bon.

Tout rentra dans l’ordre et le parcours de golf fût terminé à temps.

Voici trois strophes des Hávamál qui mentionnent les Álfar :

– 144 –

Óðinn pour les Ases, Daïn pour les Elfes.

Dvalin pour les nains

Alsvid pour les géants, mais pour les Hommes,

J’en gravais moi-même plusieurs.

– 160 –

J’en connais un quatorzième [charme] que peu connaissent

Si je le conte devant une assemblée

J’énumère les géants, les Ases et les Elfes,

Un individu ignorant ne pourrait le faire

– 161 –

J’en connais un quinzième [charme]

Que chantait Thjodrerir (le paisible)

Le Nain, devant la porte de Delling

Il donna force aux Ases, triomphe aux elfes

Et le discernement à Hropt.

Le blót comme tel

Álfablót était un sacrifice de fertilité, comme plusieurs autres rites, qui était destiné à assurer une année féconde, til árs comme disent les sagas.

Selon Mats Larsson, professeur d’archéologie à l’université de Lund (Suède), explique que ce sacrifice était effectué à la fin de l’automne, après que les récoltes aient été faites et que les animaux aient été engraissés.

Les philologues scandinaves Gro Steinsland et Preben Meulengracht rajoutent que c’était une célébration qui avait lieu dans le bâtiment principal des fermes et c’est la maîtresse de la maison, la húsfreyja, qui présidait l’événement.

Dans son poème Austrfararvísur, le scalde norvégien Sigvatr Þórðarson avait été envoyé en mission diplomatique en Västergötland (Gothie occidentale, en Suède) à qui à plusieurs reprises ont refusa l’hospitalité pour la nuit parce qu’un sacrifice aux Álfar avait lieu.

Dans ce même poème, une femme avertit Sigvatr Þórðarson de ne pas entrer dans la maison, car les occupants étaient païens et avaient peur de la colère d’Odin.

Sigvatr Þórðarson relate aussi que le goði en place portait temporairement le titre de Ölvir, qui fait référence à la bière.

Une autre source, Kormáks saga, où on explique comment les sacrifices étaient faits aux Álfar, notamment pour soigner une blessure suite à un combat.

On cite que Steingerd, la fille de Þórrkel, pansa les blessures de Þórrvard qui ne guérissait pas assez rapidement.

Ce dernier demanda à la jeune femme quel était le meilleur moyen d’aider à la guérison. Il y a une colline, répondit-elle. Non loin d’ici, où des Álfar habitent. Maintenant, prends le bœuf que Cormac a tué, et rougis cette colline avec son sang, et fais un banquet en l’honneur des Álfar avec sa chair. Ainsi, tu seras guéri.

Aucun autre détail n’est resté puisque la célébration était entourée d’une aura de mystère et les étrangers n’étaient pas les bienvenus.

Les Álfar honorés durant Álfablót semblent avoir été des divinités mineures à l’apparence masculine, liées aux ancêtres et à la fertilité.

Un exemple notable est cité dans les Austrfararvísur (un poème du 11e siècle).

Selon Steinsland et Meulengracht, puisque les Álfar étaient des puissances étroitement liées aux ancêtres et à la fertilité, il est possible qu’Álfablót concerne le culte de la force vitale familiale.

Il semblerait aussi que le dieu Óðinn soit impliqué dans ce sacrifice et que le maître de la maison porte le titre d’Ölvir, dont le préfixe signifie « bière » en langue norroise.

Une autre source, Kormáks saga, où on explique comment les sacrifices étaient faits aux Álfar, notamment pour soigner une blessure suite à un combat.

On cite que Steingerd, la fille de Þórrkel, pansa les blessure de Þórrvard qui ne guérissait pas assez rapidement.

Ce dernier demanda à la jeune femme quel était le meilleur moyen d’aider à la guérison. Il y a une colline, répondit-elle. Non loin d’ici, où des Álfar habitent. Maintenant, prends le bœuf que Cormac a tué, et rougis cette colline avec son sang, et fais un banquet en l’honneur des Álfar avec sa chair. Ainsi, tu seras guéri.

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